Réplique à Otto Pfersmann _ Michel Troper

Publié le par Michel Troper

Réplique à Otto Pfersmann _ Michel Troper

Réplique à Otto Pfersmann _ Michel Troper

professeur à l’université de Paris X-Nanterre, membre de l’Institut universitaire de France.

PREMIÈRES LIGNES

1

Otto Pfersmann me fait l’honneur de soumettre à une analyse approfondie un ensemble d’articles écrits au fil des années, qui se rattachent au courant réaliste de la théorie du droit. Bien qu’il porte sur ces travaux un jugement sévère, je lui suis très reconnaissant, car je prends sa critique pour une marque d’estime, venant d’un homme, dont la rigueur intellectuelle, les connaissances et l’acuité analytique m’impressionnent, et parce qu’il me fournit l’occasion de préciser certaines idées. Elles en ont sans doute besoin, parce qu’elles n’ont jamais été exprimées de manière systématique et que ces articles ont été écrits dans des buts et avec des objets différents, de sorte qu’il subsiste des flottements ou des imprécisions.

2

Dans la discussion qui va suivre, il importe de suivre un certain nombre de conventions et j’accepte volontiers certaines de celles qui ont été adoptées par Otto Pfersmann (que je désignerai dans la suite de ces développements par ses initiales OP). Il s’agit d’abord de l’expression « la théorie réaliste de l’interprétation » (TRI), bien qu’elle soit à la fois trop étroite et trop large. Elle est étroite car OP l’emploie par métonymie pour désigner des thèses diverses, qui ne portent pas seulement sur l’interprétation, mais sur la science du droit, les sources ou la structure du système juridique. Cet usage est cependant justifié dans la mesure où même si sa critique est principalement épistémologique, il discute principalement de la question de l’interprétation et n’aborde les autres points qu’en tant que présupposés de cette théorie. Mais le terme est aussi trop large, car si j’ai bien adhéré à « une » théorie réaliste de l’interprétation, il existe d’autres théories de l’interprétation, qui sont réalistes elles aussi. Je ne suis pas responsable de la substitution de l’article défini à l’article indéfini, mais j’accepte volontiers, faute d’avoir proposé une autre appellation, de désigner ainsi cet ensemble de thèses.

3

De même, il faut considérer comme parfaitement admissible le principe d’une reconstruction des thèses, qui font l’objet du débat. Il importe en effet de distinguer les idées et les arguments des énoncés qui les expriment. Seules les idées doivent être discutées et elles doivent l’être indépendamment de leur forme linguistique, qui peut être maladroite. Dans le cas de TRI, les travaux visés ont été écrits sur une longue période, avec des objets et dans le cadre de débats différents et la reconstruction est inévitable. Par conséquent, OP peut légitimement critiquer des idées que je n’ai pas formulées de manière explicite, mais qu’il estime être les miennes. En revanche, il n’existe aucune nécessité d’accepter, au-delà du principe même, le contenu de la reconstruction proposée et il est au contraire souhaitable de proposer à défaut d’une reconstruction de la TRI, rivale de celle d’OP, au moins un résumé de ses principales propositions.

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Mais, symétriquement, il faudra procéder également à une reconstruction de son raisonnement, car son texte est d’une grande complexité, en raison du nombre des arguments, de leur organisation et du recours fréquent à un métalangage dans lequel il traduit et qualifie les propositions de la TRI. Aussi, sera-t-il fréquemment nécessaire de résumer et de reprendre les principaux points de son argumentation ...

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